
Séverine ALFAIATE et Marc THÉBAULT
Vous connaissez la formule « seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin » ? La gouvernance numérique n’échappe pas à cette règle et impacte inévitablement nos métiers de communicants : gestion des outils de communication (numériques), déploiement de la stratégie de communication (numérique), contenu éditorial (numérique). Pilotage, validations, organisation, procédures : quelle gouvernance entre la DG, le CAB, la DSI et la COM ? Quel est le meilleur moyen d’avancer ensemble dans un secteur qui requiert technique, savoir-faire, sécurité, moyens humains et financiers, visas politiques et hiérarchiques ?
Souhait de renforcement des liens entre tous les acteurs
Malgré des cultures et des langages différents, la communication claire et régulière entre tous ces acteurs est impérative.
Parmi les pistes envisagées :
- Éclaircissement des « qui fait quoi » : l’immense variété des situations dans les collectivités n’est pas forcément un signe de richesse, mais plutôt la preuve qu’un cadre efficace général manque souvent.
- Réunions dédiés ou élargissement de réunions existantes. Ces instances devant pouvoir devenir des lieux de formation, de pédagogie, voire « d’évangélisation au numérique », en plus d’être des instances décisionnelles.
- Nécessité que les ambitions numériques de la collectivité soient portées par tous les acteurs.
Grand intérêt pour la DirCom
Mais, en cascade, pour tous les autres acteurs également, d’avoir une vision complète de la galaxie numérique (ou écosystème numérique) de la collectivité. Notamment dans les plus importantes où les sites web, comme les comptes sur les réseaux sociaux, gérés par d’autres entités que la DirCom, peuvent être nombreux et soumis à des règles de fonctionnement peu cohérentes entre elles. Émerge dans ce cas la notion de mise en place de règles écrites qui s’imposent à tous et d’un réseau de correspondants (ou de référents).
Donner au numérique le même poids stratégique que les outils classiques
Avoir une vision complète de la « galaxie numérique » de la collectivité
- Cela peut passer par la mise en place de réunions dédiées, ou d’ouverture des comités de rédaction du print au volet numérique.
- Cela passe certainement par un effort de sensibilisation des élus à ces aspects souvent mal connus ou victimes de clichés excessifs, négatifs ou positifs, tenaces. Il est à noter que les collectivités ayant établi, de manière collaborative, une charte éditoriale écrite et dédiée en partie au numérique, semblent réussir à pallier ce déficit d’intérêt, principalement si sa validation a associé le plus grand nombre d’acteurs.
- Cela passe, enfin, par le fait de poser plus clairement des objectifs quantifiables de l’impact des actions numériques et, de fait, de former tous les acteurs concernés, à la lecture et à l’analyse de ces indicateurs.
Validation
- La confiance : Réciproque entre tous les acteurs.
- La légitimité : Côté communicants, elle doit pouvoir s’appuyer sur la reconnaissance de son expertise.
- La co-responsabilité : À la fois la DirCom ne doit pas se refermer sur ses prérogatives numériques, et à la fois elle doit pouvoir être soulagée de la responsabilité éditoriale en la partageant avec tous les acteurs concernés. En somme, faisons confiance à la DirCom qui sait gérer publications et interactions numériques, mais réciproquement, la DirCom doit toujours avoir conscience que chaque publication engage toute la collectivité. Mais si cet « engagement » repose bien sur un mode de fonctionnement et des process de validation partagés par tous, la DirCom pourra savoir compter sur tous les autres acteurs pour partager le poids de cette responsabilité.
- Le cadrage écrit préalable de la validation doit permettre de devancer des situations délicates où notamment l’urgence d’une réponse est attendue. Par ailleurs, cela évite à la DirCom d’avoir à déterminer seule, au seul feeling, donc de manière très subjective, les sujets « sensibles » nécessitant un recours à la DGS, plus sûrement au Cabinet. Par ailleurs, le fait de délimiter clairement et en amont, le process de validation, notamment les marges de manœuvre de la DirCom, ses « bornes » en somme, loin d’être bloquant doit au contraire être vu comme la création d’un espace clair et indiscutable d’autonomie. Ce cadre doit pouvoir être régulièrement réinterrogé, mais toute modification doit être officialisée et écrite, car elle engage tous les acteurs concernés.
- La formalisation du process de validation peut s’appuyer sur des outils du type « arbres décisionnels ».

Confiance, légitimité & coresponsabilité sont les maîtres-mots
Relations DirCom/DSI
- Est remarqué, souvent avec satisfaction de la part de la DirCom, des délimitations de compétences et de savoir-faire « glissantes » : il n’est plus rare d’avoir, en interne à la DirCom, des compétences en développement web qui ne sont plus à la DSI.
- Est attendu une nécessaire cohérence quant à tous les aspects de conduite et de gestion de projets numériques. En particulier, le fait de scinder les aspects budgétaires entre DirCom et DSI (soit avec une répartition fonctionnement/investissement, soit avec d’autres clivages moins rationnels) n’est pas optimum. Idem pour la rédaction et la gestion des marchés publics liés au numérique.
- La répartition des rôles de chacun doit être claire, ce qui ne signifie pas l’absence de lien permanent, bien au contraire. « La DSI ne se préoccupe que de moteur, jamais de la carrosserie », pour autant, la DirCom en charge de la dite « carrosserie » a tout à gagner à savoir quel sera le « moteur » qui l’animera.
Cet équilibre doit également pouvoir s’appliquer à des débats entre différentes priorités : expérience utilisateur (UX) versus performance de développeur, attractivité des supports numériques versus marchés de prestataires gérés par la DSI, etc.
Management interne à la DirCom
Renforcer la place stratégique des chargés du numérique (en général), parfois en bout de chaîne et dans une position contrainte de seule exécution. Ils veulent pouvoir apporter leur plus-value en étant associés très en amont, donc de mieux saisir les enjeux et les objectifs à atteindre.
Pour aller plus loin
Sur MyObservatoire :
Dans d’autres galaxies :
- La gouvernance numérique, Université de Strasbourg
- Définir la gouvernance de sécurité numérique adaptée à son organisation, ANSSI
- L’évolution du métier de DSI grâce à la communication interne et la collaboration avec les métiers, IT Social
Aux manettes

Séverine ALFAIATE
Dircom depuis près de 20 ans en collectivités

Marc THÉBAULT
Conseiller et formateur auprès des collectivités locales