Écoutez le podcast en suivant ce lien
Damien Pfister : Bonjour, bienvenue dans le podcast de l’Observatoire de la communication publique numĂ©rique, pour parler communication, numĂ©rique, action publique, mais surtout intelligence collective. Je suis Damien, votre guide pour cet Ă©pisode. Aujourd’hui, nous allons Ă la rencontre de Virginie, adjointe du pĂ´le communication et partenariat et responsable numĂ©rique et marketing de l’Agence du service civique. Elle va nous dĂ©crypter la campagne,  » passez en mode service civique « , Ă destination de la fameuse cible jeune.
Relations avec les agences de communication, circuits de validation, importance de l’expĂ©rience utilisateur ou encore conseils pour travailler dans le secteur public seront Ă©galement abordĂ©s. Bonne Ă©coute!
Bonjour Virginie, merci de m’accueillir Ă l’Agence du service civique. Est-ce que tu peux te prĂ©senter ainsi que ton Institution ?
Virginie Cuisinier : Ok, alors l’Agence du service civique, c’est un opĂ©rateur de l’État qui dĂ©pend actuellement du ministère des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative qui est chargĂ© de dĂ©ployer le service civique en France et Ă l’Ă©tranger. Le pĂ´le communication et partenariat n’est pas une fonction support, mais une fonction mĂ©tier au sein de l’Agence du service civique et son rĂ´le, c’est vraiment de faire en sorte qu’il y ait des recrutements de jeunes en service civique. Donc c’est promouvoir bien sĂ»r le service civique auprès des jeunes, mais aussi auprès du grand public, des structures pour qu’il y ait, alors le chiffre en 2024 c’Ă©tait 150 000 jeunes en mission de service civique. Donc le pĂ´le communication a cette responsabilitĂ© et cette mission de recruter des jeunes en service civique, faire rencontrer la demande et l’offre.
Damien : Merci Virginie. Est-ce que tu peux te présenter et présenter ton parcours professionnel ?
Virginie : Oui, alors moi au sein du pĂ´le communication et partenariat de l’Agence du service civique, je suis responsable de la communication numĂ©rique et du marketing et maintenant Ă©galement adjointe Ă la cheffe du pĂ´le. Je suis Ă l’Agence du service civique depuis presque quatre ans maintenant et j’ai un parcours qui a commencĂ© dans la presse, d’abord journaliste en presse locale, donc des titres en Ile-de-France. En parallèle de ça, j’ai fait les relations presse d’un festival d’humour pendant sept ans, c’Ă©tait une fois par an. C’est comme ça d’ailleurs que j’ai beaucoup travaillĂ© avec les collectivitĂ©s territoriales et que j’ai vraiment eu un ancrage local. Et après ça, j’ai travaillĂ© au journal 20 minutes. Après ça, j’ai Ă©tĂ© pigiste. Après ça, j’ai Ă©tĂ© journaliste d’entreprise au sein du comitĂ© d’entreprise de la RATP oĂą j’Ă©tais journaliste sur le print, sur le mensuel qu’ils avaient, qu’ils ont toujours. J’ai commencĂ© dĂ©jĂ Ă diversifier ma production, Ă faire un peu plus de numĂ©rique pour amplifier un peu ce que je produisais pour le print et proposer aussi une continuitĂ© dans l’expĂ©rience de lecture du magazine sur le site web.
Les rĂ©seaux sociaux sont arrivĂ©s, Facebook est arrivĂ© et je me suis dit qu’en fait c’Ă©tait une super opportunitĂ© de communication diffĂ©rente, plus horizontale, moins unilatĂ©rale et avec cette dimension lien que j’aime beaucoup dans le mĂ©tier de journaliste, mais mĂŞme dans le mĂ©tier de la communication, le lien social. Et jusqu’Ă carrĂ©ment, finalement, me retrouver Ă prendre en main aussi le site web et au moment oĂą la structure se transformait, faisait vraiment une transformation digitale, ils voulaient digitaliser toute leur offre et donc on a fait des refontes de sites, des crĂ©ations de sites. C’Ă©tait un rythme intense. Pendant un an et demi, on a sorti trois sites diffĂ©rents, trois sites web et donc je me suis retrouvĂ©e plongĂ©e comme ça dans le numĂ©rique et donc je me suis formĂ©e finalement au digital. J’ai fait aussi des formations pro en parallèle, notamment sur le comitĂ© de management d’un cĂ´tĂ©, de l’autre sur le management de projet, Ă©galement sur les sites web aussi parce que moi je partais de zĂ©ro lĂ -dessus. Et puis finalement, jusqu’Ă ĂŞtre embauchĂ©e il y a quatre ans Ă l’agence du service civique. Au dĂ©part, c’Ă©tait un poste de communication digitale, responsable communication digitale. En fait, de fil en aiguille, l’Ă©quipe, au grĂ© des Ă©volutions de l’Ă©quipe, j’ai pris en charge le marketing. C’Ă©tait aussi une dĂ©couverte pour moi et donc ce qui fait que je suis responsable communication numĂ©rique et marketing aujourd’hui et adjointe Ă la cheffe de pĂ´le. Donc lĂ , un peu plus transverse quand mĂŞme et un peu plus aussi sur des sujets de pilotage et de management.
Damien : Merci Virginie pour cette prĂ©sentation. Est-ce que maintenant tu peux partager un peu ton expĂ©rience professionnelle, notamment sur la crĂ©ation de campagnes de communication pour l’agence et comprendre un peu comment ça fonctionne ? Comment vous mettez en place une campagne de communication ?
Virginie : Une campagne de communication, c’est un gros dĂ©fi qui suppose de coordonner de multiples acteurs. Donc nous, on travaille beaucoup avec des prestataires, des agences. Donc il y a une agence de crĂ©ation et de stratĂ©gie avec laquelle on travaille Insign. Et puis d’un cĂ´tĂ© et de l’autre cĂ´tĂ©, on a une agence d’achat mĂ©diatique qui va orchestrer l’achat des espaces pour la diffusion de la campagne. Au dĂ©part, il y a un concept, une idĂ©e crĂ©a qui nous est prĂ©sentĂ©e par l’agence de crĂ©a qu’on amende Ă©ventuellement, qu’on peaufine ensemble, qu’on adapte en fonction de la connaissance qu’on a de nos cibles, de l’Ă©cosystème dans lequel on Ă©volue puisqu’on est quand mĂŞme dans l’Ă©cosystème de l’État.
Nos campagnes, elles sont aussi prĂ©sentĂ©es d’ailleurs au Services d’Information du Gouvernement dans le cadre d’un comitĂ© de campagne. Donc elles s’inscrivent vraiment dans une dĂ©marche globale. Elles ont d’ailleurs la charte de l’État et elles rĂ©pondent Ă l’un des objectifs du service d’information qui est de favoriser l’engagement rĂ©publicain. Et donc un gros projet comme ça, c’est Ă©videmment des mois Ă l’avance (encore que la dernière campagne, elle a Ă©tĂ© faite dans des dĂ©lais records). LĂ , en l’occurrence, c’Ă©tait donc pour s’adresser aux jeunes sans faire du jeunisme. C’est ça aussi un peu la difficultĂ© avec les cibles jeunes, c’est qu’il faut leur parler avec des codes qui leur parlent, mais ils n’ignorent pas du tout qui est l’Ă©metteur en face. Et donc du coup, si tu commences Ă leur parler en faisant le faux jeune, c’est pire que tout. Donc il a fallu trouver la bonne tonalitĂ©, les bons Ă©lĂ©ments de langage. Et le concept, il Ă©tait assez simple, c’est  » passez en mode service civique « . C’Ă©tait cette idĂ©e que faire un service civique, dĂ©jĂ c’est simple, c’est très facile, c’est accessible Ă tous. Et la grande idĂ©e de cette campagne, c’Ă©tait que chaque jeune, finalement les jeunes, la jeunesse, elle est plurielle et que donc chaque jeune a ses propres particularitĂ©s et ses propres centres d’intĂ©rĂŞt et ses passions. Tous n’ont pas des passions, mais il y en a certains qui en ont. Et donc, c’Ă©tait l’idĂ©e de les attraper avec leur passion et leur centre d’intĂ©rĂŞt.
Donc, il y a eu 17 scĂ©nettes qui ont Ă©tĂ© imaginĂ©es en fonction de la passion d’un jeune. Est-ce que s’il est sportif, il peut passer en mode service civique et faire son service civique dans le domaine du sport ? S’il aime la culture, il peut faire son service civique dans le domaine de la culture. Montrer finalement le service civique dans ce qu’il est, dans la diversitĂ© de ce qu’il propose. Et comment ça peut parler aux jeunes. Donc faire un ciblage affinitaire, c’est comme ça que l’on a travaillĂ© pour aller, grâce notamment au digital. C’est ce que nous permet aussi le digital, pouvoir aller toucher les jeunes. Par exemple, on a une des passions qui est le gaming, donc  » transforme, passe en mode service civique et aide les personnes âgĂ©es dans les EHPAD Ă rester connectĂ©es en jouant Ă la Wii ou au bowling sur la Wii  » ! Et c’est des vraies missions qui existent ça !
Damien : Du coup, par rapport à ça, le pitch, c’est l’agence qui le donne ou c’est l’agence du service civique ? ou est-ce que c’est l’agence qui est missionnĂ©e pour faire cette campagne de communication ?
Virginie : Nous, on briefe l’agence. En fait, comme tout projet, ça part d’un brief. Donc nous, on briefe l’agence sur nos besoins, oĂą l’on en est dans la maturitĂ© du service civique, oĂą on veut aller, quelles sont nos cibles, les contraintes, etc. Eux, ils nous proposent ce concept crĂ©atif et après, c’est un travail en commun pour affiner le tout. Ensuite, il a fallu rentrer en production. Donc lĂ , on s’est appuyĂ© sur les rĂ©fĂ©rents locaux et on leur a demandĂ© leur aide pour nous mettre en rapport avec Ă la fois des structures, donc les structures d’accueil qui accueillent les jeunes en service civique pour faire tourner nos scènes et Ă la fois avec des volontaires en service civique puisque tout a Ă©tĂ© tournĂ© avec des vrais volontaires et non pas des comĂ©diens.
Et puis après, on est allĂ© tourner en fĂ©vrier Ă Marseille. On a tournĂ© en sept jours. On a tournĂ© 17 scĂ©nettes. Pas mal. C’Ă©tait tambour battant. Il faisait pas du tout beau Ă Marseille en plus. Et donc, c’Ă©tait hyper intense. Donc, on a tournĂ© en fĂ©vrier et la campagne, on l’a sortie en mai.
La validation, bien sĂ»r, l’Ă©tape validation obligatoire. Alors, je te le disais, il y a une Ă©tape de validation qui est une Ă©tape avec le Service d’Information du Gouvernement oĂą on passe en comitĂ© de campagne et on prĂ©sente notre campagne et on doit obtenir un agrĂ©ment du Service d’Information du Gouvernement. L’idĂ©e, c’est que ce soit en cohĂ©rence avec toutes les campagnes du gouvernement, mĂŞme si nous, on dĂ©fend nos spĂ©cificitĂ©s parce que nous, contrairement Ă d’autres campagnes, on a vraiment l’objectif de recruter. On peut suivre ça. On a des KPI. Est-ce que derrière, il y a des candidatures sur le site du service civique ?
Alors après, la diffusion et le plan mĂ©dia, on voit ça avec une autre agence. C’est pareil, on les briefe sur notre besoin. LĂ , on avait cette spĂ©cificitĂ© de ciblage Ă la fois socio-dĂ©mo et Ă la fois les affinitĂ©s, aller trouver les jeunes. Par exemple, Twitch, tu vois, ça a Ă©tĂ© pour la CrĂ©agaming. C’Ă©tait une Ă©vidence d’aller sur ce canal lĂ . Mais on a aussi fait de la tĂ©lĂ©vision parce qu’il y a plusieurs phases en fait dans une campagne. Tu as d’abord une phase notoriĂ©tĂ©, puis après, tu as l’Ă©tape considĂ©ration. LĂ , tu vas aller chercher de la visite sur ton site. Dernière Ă©tape, la conversion. LĂ , tu vas chercher ta candidature. LĂ , c’est le nombre de candidats. C’est ce que ça se passe sur le site du service civique. Le nombre de candidatures que tu gĂ©nères sur ton site. Et ça, c’est pareil, tu le mesures. Et puis après, on travaille pour tout ce qui est le CRM, bien sĂ»r, et aussi le suivi des perfs sur le site, tout le plan de marquage. Nous, on suit l’outil Matomo pour suivre nos visites, les comportements sur le site, etc.
Damien : Merci Virginie pour cette expĂ©rience et ce retour d’expĂ©rience très intĂ©ressante. Maintenant, j’aimerais aborder la question du recrutement et j’aimerais que tu nous partages tes conseils pour des potentiels candidats jeunes ou qui sortent de l’Ă©cole, mais qui souhaiteraient s’engager dans la fonction publique. Qu’est-ce que tu leur conseillerais ?
Virginie : DĂ©jĂ , je trouve qu’il y a quand mĂŞme un certain engouement pour la fonction publique. Je le vois : j’interviens par ailleurs Ă l’ESSEC. Et quand mĂŞme, l’ESSEC, c’est une Ă©cole de management, de business. Et ça fait deux ans que dĂ©jĂ , il y a une affaire publique qui a Ă©tĂ© créée. Mais moi, ce que je vois, c’est que ça fait deux ans que je vois des candidats et des jeunes qui sont intĂ©ressĂ©s par le public. Et on a vu qu’Ă©videmment, les jeunes, ils avaient un autre rapport au travail et aussi un autre rapport Ă l’engagement et que justement, l’engagement pour les jeunes, il s’exprime dans le sens de leur travail et dans le choix de leur travail, qui est le mĂŞme, je pense, que celui qui nous anime, Ă savoir le sens, en fait, justement, de nos mĂ©tiers dans le public qui est de travailler pour le vivre ensemble, pour faire du lien. Mais moi, du coup, le conseil que je donnerais Ă un jeune, c’est de ne pas chercher Ă satisfaire son chef avant les utilisateurs. Notre boussole et notre rĂ´le, c’est de dĂ©fendre la vision utilisateur. Des fois, il faut savoir lâcher, c’est un bon dosage Ă savoir faire. Mais une fois que tu acquiers la confiance de ta hiĂ©rarchie, en montrant que tu es en veille, en mettant en place des outils de planning, de bilan, encore une fois, après, tu peux dĂ©rouler sans ĂŞtre forcĂ©ment dans une logique de validation en permanence. Je sais que c’est pas toutes les structures… L’idĂ©e, c’est de mettre en place quand mĂŞme des outils et des garde-fous pour avoir un maximum d’autonomie et de libertĂ©. Et je pense que si, encore une fois, les rĂ©sultats sont lĂ , a priori, c’est la preuve de la pertinence de nos actions.
Et c’est ainsi que nous renfermons cet Ă©pisode des Rencontres de l’Ops. Nous espĂ©rons que ces Ă©changes vous auront Ă©clairĂ© sur les enjeux, les dĂ©fis et les innovations au cĹ“ur des relations entre les institutions et les citoyens. La communication publique est le moteur essentiel de la confiance dĂ©mocratique et de l’efficacitĂ© de la fonction publique. Ă€ bientĂ´t !